Fouines et courts-circuits

Deux petites réflexions sur l’actualité des derniers jours : à Namur, importante panne électrique et court-circuit politique au gouvernement wallon à propos de Francorchamps.
« Petit carnivore d’Europe et d’Asie, au pelage gris-brun, court sur patte, de mœurs nocturnes, qui s’attaque à la volaille dans les poulaillers …Personne rusée» . Voilà la définition que donne le Petit Larousse Illustré de ce petit animal qui vient de « foutre » la pagaille dans le réseau électrique de Namur-ville et dans le monde politique de la Région. 

Fouine namuroise
A l’heure où la Nasa parle de retourner sur la lune, où l’on produit des baladeurs MP3 de quelques grammes et aux dimensions minimales (pour les gros doigts, surtout), où l’on transplante des organes vitaux… où le savoir de l’homme s’exprime dans l’infiniment grand, petit et complexe, qu’il suffise d’une bestiole bien connue de nos campagnes pour défier et mettre à mal une des inventions humaines les plus élaborées, l’électricité, me laisse rêveur.
Comment cette fouine a-t-elle pu entrer dans la cabine électrique ? Mystère ! Sans doute n’était-elle pas au courant (!) que ce local est « Accès strictement interdit ». Le fait d’avoir fait rentrer nos volailles en raison de la peste aviaire l’a-t-il privée de sa nourriture habituelle et, en conséquence, l’a-t-il affamée au point de devoir se reporter sur de minables circuits électriques pour apaiser sa faim ? Peut-être ! Faute de poule, on mange du câble !!! Quoi qu’il en soit, le résultat est qu’il faudra une quinzaine de jours à nos ingénieurs les plus savants et techniciens les plus habiles pour réparer les dégâts en chaîne causés par l’intruse survoltée !!!
S’il n’y avait pas les inconvénients liés à cette panne électrique notamment pour les hôpitaux , les crèches, les centres d’accueils pour les plus démunis… je rirais de tout mon cœur … Comme le grain de sable dans le moteur, le microbe dans la chaîne alimentaire, le virus de la grippe, cette fouine nous rappelle combien le génie humain et ses inventions sont fragiles et vite mis à mal par des éléments et événements, souvent mineurs et inattendus… Si, en même temps, ces derniers pouvaient aussi s’attaquer à l’orgueil de l’homme qui croit trop souvent pouvoir tout prévoir, tout organiser, tout dominer, notamment la nature, cet incident de Namur n’aurait pas été inutile.

Fouine à Francorchamps
Le plus beau circuit du monde et, sans aucun doute, le plus beau court-circuit (encore un !) de l’époque contemporaine ! Le fin fond de l’affaire est pourtant évident : le gouvernement wallon de l’époque s’est fait rouler, d’une façon magistrale, par un homme roué, dont il ne s‘est pas méfié. Face à cette sorte de fouine (aussi ? Hé oui !) on ne peut plus rusée, nos ministres n’ont pas fait le poids. Ecclestone, ce renard du monde des affaires, n’a certainement pas mis longtemps à comprendre qu’il avait un profit maximal à tirer d’un contrat diabolique face à une bande d’amateurs. Aujourd’hui, penauds, ceux-ci ne savent comment s’extirper d’un bourbier où ils sont enlisés jusqu’au cou et inventent des explications, à faire mourir de honte leurs auteurs, espérons-le, et de rire le spectateur neutre. Plus gros que ça, tu meurs !
« Je ne savais pas… », « On m’a dit de signer… », « J’ai signé sans lire… », « C’était en anglais » sous-entendu, je ne comprends pas l’anglais ! A la limite, pourquoi pas « Je ne sais pas lire ! » ou « Je ne sais pas compter… » Seule, cette dernière  justification paraît évidente, mais pas excusable pour autant ! Car, enfin, faut-il qu’ils nous prennent pour des imbéciles pour nous sortir de pareilles salades ! A moins qu’ils n’aient voulu prouver qu’ils le sont eux-mêmes ? Dans ce cas, c’est réussi !
Les réactions de nos éminences ministérielles, consistant  à rejeter  la  faute commise sur leurs «petits camarades»,  me ramènent à mon ancien métier d’enseignant et à la cour de récréation où j’aimais observer les enfants. Lors d’un échange de propos violents, d’injures, de coups, lorsque j’intervenais, les réactions étaient toujours les mêmes : « C’est pas moi, m’sieu, c’est lui, moi, j’ai rien fait ! » « Menteur, c’est toi qui a commencé ! ». Chacun se renvoyait la balle, refusant d’assumer la responsabilité de ses actes et paroles !!! Mais, là, c’était des enfants, que l’on pouvait encore espérer éduquer. Tandis qu’ici, cet espoir est nul ! Il s’agit d’adultes, des gens que nous avons élus pour nous représenter, pour nous gouverner !!! A la vue d’un tel spectacle, on ne peut pas dire que notre sort soit entre de bonnes mains et que l’image de la Wallonie en sorte grandie… Il est grand temps de mettre un peu d’ordre dans ce b….. pour restaurer la crédibilité de région et de la classe politique en général ; car, comme très souvent en pareille situation, l’incompétence et les fautes de quelques uns entachent également la réputation de l’ensemble de leurs collègues aussi bons soient-ils.
Heureusement - et j’en connais, notamment pas loin de chez nous - tous les hommes et femmes politiques ne sont pas de ce calibre, sans quoi, ce serait à désespérer… Avec eux, grâce à eux, restons optimistes… mais également vigilants au moment de voter et exigeants dans le choix des personnes que nous contribuons à élire, à quelque niveau que ce soit !


Bruno Heureux.