Une après-midi avec Florence Aubenas L'attente Le
retour Entre
amis
Ce
week-end, Florence Aubenas était chez nous, le pays où
elle
est née et a vécu une partie de sa jeunesse. Après
deux rendez-vous avec différentes autorités belges, elle
pouvait enfin souffler et passer une journée tranquille avec des
amis, chez Yvette et Joseph qui avaient organisé une fête
en son honneur.
A son arrivée, Florence et Jacqueline, sa maman, ne peuvent cacher leur émotion et leur joie de retrouver leurs hôtes du jour. Cela se fait d'autant plus naturellement que les autres invités, réservés, se montrent respectueux des deux femmes venues se détendre dans un superbe cadre champêtre et ombragé. Pas de ruée curieuse sur elles, pas de télévisions et de radios, juste quelques photos, prises de loin, pour l'album aux souvenirs. Et Florence de retrouver avec plaisir des connaissances qu'elles n'avaient plus vues depuis... depuis « avant ». Un apéritif rafraîchissant et un bon repas plus tard, le seul moment « officiel » de l'après-midi, se passe dans la bonne humeur : Hervé Jamar, Secrétaire d'Etat et Bourgmestre de Hannut, émerge brièvement de la grande famille des invités, dans laquelle il a eu le bon goût de se fondre jusque là, pour conférer à l'héroïne du jour le titre de « Citoyenne d'Honneur de Hannut », ce qu'il fait avec tact, humour et simplicité... Et Florence répond dans le même esprit, avec un sourire éclatant. Son
sourire
Ce
sourire, chaleureux comme un soleil printanier mais dirait-on, parfois
mystérieux comme celui de la Joconde, le monde entier le
connaît
par cœur, tant les médias l'on diffusé. Florence, elle
aussi,
semble connue et proche de tous ceux qui ont été
touchés
par son aventure iraquienne. Mais, qu'en est-il vraiment ?
Derrière
ce sourire, Florence Aubenas ne cache-t-elle pas, par pudeur, ce
qu'elle
a vécu, ses blessures d'hier, aujourd'hui en voie de
cicatrisation,
une partie d'elle-même qui reste son jardin secret, qu'elle veut
protéger à tout prix ? Ce ne serait pas étonnant.
Ses écrits, prises de position, engagements et combats le
prouvent
à suffisance, Florence est une femme de cœur. Mais, surtout,
elle
est, elle a un cœur de femme, à la sensibilité
exacerbée
par ses longues semaines d'emprisonnement, par les épreuves du
peuple
irakien, par la souffrance des autres otages toujours aux mains de
leurs
ravisseurs ; un cœur de femme sensible aussi aux témoignages de
sympathie qui s'accumulent, au bonheur simple des petites choses et des
petits gestes apparemment anodins mais si précieux quand on en
est
privé, comme quelques heures partagées avec des
êtres
chers, comme l'écoute des chansons d'un poète local
qu'elle
va embrasser, spontanément, en lui disant « Merci,
c'était
beau ! »
La
tranquillité
Puis
Florence s'en est allée, avec ses espaces de lumière et
ses
zones d'ombre ... Puisse-t-on, maintenant, tout en étant
prêt
à l'aider en cas de besoin, la laisser vraiment tranquille, lui
donner le temps de se ressourcer, de retrouver ses repères, de
pleurer,
peut-être, pour se décharger d'un fardeau trop lourd
à
porter en soi, de reprendre son travail de journaliste, de choisir ses
luttes... Mais aussi, lui offrir l'occasion de redécouvrir la
sérénité,
de profiter de la vie, de récupérer les kilos perdus en
cours
de route, de passer, comme à Grand-Hallet, des moments paisibles
avec des amis... pour retrouver un sourire intérieur vraiment
à
l'image de celui qu'elle offre si généreusement à
celles et ceux qu'elle rencontre. C'est tout ce qu'on lui souhaite,
très
sincèrement. Bonne route, Florence !
Bruno Heureux. Grand-Hallet,
le 26 juin 2005
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