Du  "RÊVE" européen au "CRÈVE !" de l'Europe

Il y a parfois très loin du rêve à la réalité ! C'est ce que doivent se dire ces centaines de milliers de désepérés qui ont tout risqué, même leur vie pour rejoindre leur eldorado commun, l'Europe.

Pourquoi cet exode ? Pour fuir guerres, conflits raciaux et/ou religieux, injustice économique et sociale, dictature, corruption, faim, pauvreté, maladie... Pour, au terme d'un périple ruineux et hasardeux, trouver une terre accueillante où ils pourront s'installer avec leurs enfants en toute sécurité, avoir accès à l'éducation, aux soins de santé, au travail ; un continent où les attendent, pensent-ils, un mieux vivre, où, croient-ils, règnent, sans restriction aucune, liberté, égalité, fraternité ; où chacun, blanc, noir, jaune, métissé, homme, femme, enfant, homosexuel, transgénique, croyant, agnostique, pauvre, travailleur, sans emploi, sans logis... est respecté dans sa différence et peut vivre dignement. En résumé, fuir l'horreur et atteindre leur graal au nom prometteur de "rêve européen".

S'il y a loin du rêve à la réalité, par contre, le "rêve européen", lui, est parfois très proche du " Crève !" de l'Europe ! Comment les victimes d'un monde gangréné par la barbarie et l'égoïsme pandémiques pourraient-elles contredire ce constat ? Elles qui ont vécu, en cours de route, et vivent encore, à leur arrivée sur notre continent, la fin de leur rêve ! Un rêve qui "crève" tel une baudruche, souvent dans l'indifférence générale, parfois accompagné de la compassion frileuse des pays européens, spectateurs passifs de tragédies répétées à leur porte. Car ils ne sont pas les bienvenus chez nous, ces assoiffés de vie ; d'ailleurs, la réponse européenne à leurs attentes et leurs espoirs reste dans les faits, quelle que soit la formule utilisée, "Crève, le plus loin possible de chez nous!" C'est donc cela le rêve européen ?

Un rêve décevant pour de nombreux citoyens ordinaires des anciens pays de l'est, dont certains vont jusqu'à regretter le régime communiste : pas riches alors, certes, et sans liberté d'expression, ils avaient tous droit au travail, à l'enseignement et aux soins gratuits.

Les Grecs aussi déchantent ; pourtant, croyant tellement au rêve européen qu'ils avaient falsifié leurs comptes, avec, il faut oser le dire, la complicité tacite de leurs futurs partenaires et les magouilles de financiers complaisants, aujourd'hui, mués en charognards.

Chez nous aussi, la déception grandit. Faute d'avoir uniformisé les politiques des états membres en matières économique, sociale, de travail, de justice, d'immigration, L'Europe a permis que se développent concurrence interne déloyale, injustice croissante, main mise des grands états sur les orientations et décisions, renforcement du chacun pour soi, défense d'intérêts électoraux, deux poids deux mesures où il vaut mieux s'appeler Allemagne et France qu'Irlande et Portugal, chantage qu'elle stigmatise chez certains mais qu'elle accepte de la Grande-Bretagne qui, elle aussi, pourtant, va décider de son sort européen par un référendum.

En conclusion, deux constats alarmants, formulés de façon volontairement choquante ; tant pis pour les biens pensants ! 
Chaque pays européen tient à sa souveraineté comme une "vierge effarouchée" à son pucelage… C’est ainsi que flétrissent les vieilles filles délaissées, ce que l’Europe et chaque état membre risquent de devenir. Certes, perdre son pucelage peut être un moment douloureux ; mais après, que de plaisir(s) possible(s) !!! Certains appellent ce passage initiatique « minute de courage politique » : un bel exemple de langue de bois !
 

A force de pratiquer la culture intensive de ses égoïsmes, l'Europe semble avoir perdu son humanité, voire son humanisme, son sens des responsabilités et sa position privilégiée dans le monde. Qu'attend-elle pour changer ?

                                                     
Bruno Heureux
Poète-chansonnier,                                                 

Membre du comité de soutien de Stand Up of Europe