L'énergie éolienne

Le 9 juin dernier, une réunion d'information est organisée à Thisnes par le comité d'animation de «Win For Country». Dès le départ, les organisateurs ont la bonne idée de repla¬cer le cas de Thisnes, Merdorp et Wansin dans un contexte plus général, celui de l'approvisionne¬ment énergétique de la Belgique.

Autre grand mérite, celui d'aborder le problème de façon objective: leur réfé¬rence à des sources et enquêtes fiables, leur appel à des scientifiques indépendants et à diverses études neutres pour étayer leur exposé très bien documenté donne à celui-ci une vraie crédibilité. De cette démonstration com¬préhensible, fouillée, rigoureuse découle une évidence: l'énergie éolienne ne se révèle en Région Wallonne la source d'électricité la plus coûteuse. Elle ne semble donc pas être la solution à laréduction de la facture énergétique pour l’'Etat et les consommateurs tant d'un point de vue énergétique qu'écologique; cela, d'autant plus que, pour pallier ses problèmes d'inconstance, liés aux sautes d'humeur du vent, et de rendement très faible, cette source d'énergie demande toujours d'être couplée à une autre.

S'il se confirme officiellement, ce constat fera très mal aux défenseurs des énergies propres et renou¬velables, comme je le suis personnellement; mais être lucide, honnête et réaliste n'est pas une tare. La solution à la super consommation d'énergie passe d'abord et surtout par une modification fondamentale de la gourmandise individuelle et collective en énergie( s), changement de comportement basé sur la diminution drastique du gaspillage actuel; celui-ci, en effet, ne tient compte ni des réserves limitées des sour¬ces fossiles, minérales, végétales... de la terre ni de l'avenir des générations futures qui recevrons en héritage une planète spoliée et souillée par des déchets «éternels» abandonnés sans vergogne.

Les énergies de remplacement
L'énergie nucléaire apparaît «irremplaçable» pour l'instant dans la mesure où notre région ne semble pas investir résolument dans la recherche d'autres énergies. Le photovoltaïque et l'éolien, dont certaines qualités sont indéniables, ne suffiront pourtant pas au remplacement de la source nucléaire, un défi énorme qui nous attend dans les prochaines années, d'autant plus que le recyclage d'un des composants des panneaux solaires pose un véritable problème.

Il est donc pri¬mordial que nos autorités ne se lancent pas tête baissée et aveuglement sur des solutions de remplacement pas toujours aussi efficaces qu'on le dit et qui laissent des questions écologiques sans réponses claires. Une recherche scientifique sérieuse s'im¬- pose, indépendante des pouvoirs publics, des sociétés productrices d'électricité qui lancent des projets de parcs éoliens sans tenir compte des besoins, des attentes réelles et de la qualité de vie des populations.

Un des gros problèmes actuels du renouvellement des sources énergétiques en Wallonie réside dans une législation trop floue qui tarde à reprendre les choses en main et à déli¬- miter avec précision les conditions de mise en chantier et d'exploitation de parcs éoliens; si bien que les promoteurs de ceux-ci se ruent comme des affamés sur l'ensemble de notre territoire, y faisant fleurir, comme pissenlits dans gazon anglais, des projets divers qui, trop souvent, n'ont d'in¬térêt(s) que pour les actionnaires de ces sociétés.

Notons que ces dernières sont souvent encouragées par des propriétaires terriens qui espèrent louer à prix d'or un ou des emplacements dans leurs champs et prairies pour y installer des éoliennes. Vu la crise économique dans l'agriculture, on peut les comprendre... même si cet intérêt personnel ne concorde pas avec celui de l'ensemble de la population.

Egoïsme
A cette forme d'égoïsme, le débat sur l'éolien dans notre région en a révélé d'autres. Comme le disait avec à propos Monsieur Jamar, le bourgmestre de Hannut, tous les habitants de sa commune ne sont pas opposés aux éoliennes... tant qu'on n'envisage pas d'en placer à proximité de chez eux.

L'éolien n'est pas la seule menace visuelle, auditive, écologique sur les villages ruraux de Hannut.

La construction de nou¬- veaux lotissements de maisons et d'appartements dans certains villages est une agression tout aussi sérieuse et mérite la même mobilisation que celle que suscite l'actuel projet éolien. Or, lors des projets immobiliers prévus à l'ancienne voie de Liège à Crehen et dans le Chiroux à Thisnes, on n'a pas vu grand monde «d'extérieur» soutenir les riverains de ces projets. Là aussi, s'exprime une forme d'égoïsme bien de notre époque: tant que ma tranquillité, ma sécuri¬té, mon paysage, mon confort personnel ne sont pas menacés, peu me chaut qui peu mettre en péril la tranquillité, la sécurité, le paysage, le confort d'autres personnes.

Il est indispensable que toutes les forces vives de l'entité hannutoise s'unis¬sent et se mobilisent pour faire réfléchir, émettre des avis, (ré)agir chaque fois que des projets pourraient mettre en danger la qualité de vie des habitants de n'importe quel village de l'entité. Chacun dans son coin, avec ses propres problèmes, si possible sans problème et, surtout, indifférent aux problèmes des autres, est une attitude non seulement égoïste mais surtoût inefficace face aux prédateurs prêts à saccager notre espace rural. Quant aux autorités communale de Hannut, face aux projets éoliens, elles adoptent la seule attitude raisonnable en pareil cas: prudence, silence, observation attentive de l'évolu¬tion des choses à la Région Wallonne. La présidence de la «Commission de l'énergie, du logement, de la fonction publique et de la recherche scientifique» au Parlement Wallon assurée par le Bourgmestre de Hannut est un gage supplémentaire d'une information précise et d'une réaction communale judi¬cieuse.

De toute façon, rappelons-le, rappelons-leur, ces autorités communales ont, si elles en ont la volonté, un moyen incontournable de bloquer des projets éoliens ne correspondant pas aux besoins et souhaits des poplations concernées: le refus de créer des voiries donnant accès à l'implan¬tation de ces projets. C'est un atout majeur à utiliser à bon escient chaque fois que la ruralité de nos villages et la qualité de vie de leurs habitants l'exigent, notamment et également face l'invasion immobilière débridée de nos campagnes.

Bruno Heureux.
Article paru dans Le Journal de Hannut en juin 2011