Pour une
démocratie plus propre
Il
y a quelques semaines, déjà, je vous annonçais des
mesures concrètes pour épurer la démocratie belge
de pratiques et systèmes qui la gangrènent. Aujourd’hui,
je tiens ma promesse tout en rappelant que ces propositions n’engagent
que moi !
Préambule.
Plus
certains politiques ont des comportement illicites, plus ils sont
responsables
de la tentation populaire, populiste même, de considérer
comme
pourri l’ensemble de la classe politique, ce qui est un amalgame
abusif.
Il y a en effet, heureusement, des politiciens qui oeuvrent encore dans
les limites d’une déontologie et d’une éthique
rigoureuses.
Mais si l’image du monde politique est à ce point mauvaise dans
la population, elle le doit non seulement aux abus
révélés
durant les deux dernières années mais aussi au manque de
réactions claires des honnêtes représentants du
peuple
qui couvrent, par leur silence ou des réactions trop
tièdes,
les inconduites, malversations, combines et abus de pouvoir de leur
collègues
fautifs. Ce faisant, ils contribuent à nuire à leur
propre
réputation et à celle de l’ensemble des politiques.
Quatre
grands principes
1°
Limiter la répétition d’élections et des campagnes
électorales y afférentes.
Toutes
les élections, communales, régionales, communautaires,
fédérales
et européennes ont lieu le même jour, tous les cinq ans.
Comme
c’est le cas pour l’Europe et à la Région, les
gouvernements
et parlements à tous les niveaux de pouvoir sont formés
pour
cette durée de cinq ans. Si, exceptionnellement, un gouvernement
démissionne, le nouveau, mis en place par une majorité de
rechange termine la législature. Il n’y a donc plus
d’élections
anticipées et, ainsi, la simultanéité des
scrutins
est assurée.
2°
L’électeur doit être respecté et savoir pour qui et
pour quoi il vote vraiment.
Les
hommes et femmes politiques ne peuvent être candidats qu’à
un seul niveau de représentation : soit au niveau communal, soit
à la région, soit au fédéral, soit en
Europe.
Cela rend les choses simples, claires et évite la tromperie
organisée
des électeurs. Ceci règle aussi le problème des
batailles
pour les suppléances aujourd’hui trop attractives et pourtant
peu
démocratiques ; la suppléance doit rester un cas
exceptionnel
et les élus doivent prester leur mandat pour lequel ils se sont
engagés.
Seule
une raison médicale ou autre sérieuse, constatée
par
une commission indépendante d’éthique politique, peut
amener
à faire remplacer un élu, en ligne directe, par un
suppléant
: plus question de remplacer par quelqu’un qui exerce
déjà
un autre mandat : donc plus de remplacements en cascade.
Le
mandataire remplacé est de facto hors course pour tout mandat
jusqu’au
terme normal de son mandat. Finies les nominations et démissions
successives, les jeux de chaise musicale, peu respectueux de
l’électeur.
Le
mandataire qui démissionnerait en cours de route sans raison
acceptée
par la commission indépendante perdent son droit à
l’éligibilité
pendant 10 ans.
Les
parlementaires, les ministres ainsi que les bourgmestres et
échevins
des communes de plus de 10.000 habitants, ne peuvent exercer
simultanément
leur profession ; ils sont choisis pour exercer leur mandat ou fonction
à plein temps et rémunérés selon les
dispositions
prévues par la loi.
Les
parlementaires sont payés au pro rata de leurs prestations
effectives
dans les assemblées où ils doivent siéger ; le
parlementaire
absent à 25% des séances d’une législature ou
mandature
est inéligible à quel que niveau de pouvoir que ce soit
lors
de la législature suivante ; celui qui est absent à 50%
des
séances lors d’une mandature ou législature écope
d’une inégibilité définitive à quelque
niveau
que ce soit. Le travail parlementaire est quelque chose de
sérieux
et l’absentéisme parlementaire est insultant pour les citoyens.
Seule la commission indépendante d’éthique politique peut
infirmer ces dispositions à titre individuel et exceptionnel en
constatant la légitimité ou pas des absences
constées.
3°
Responsabiliser les élus.
Les
élus, à quelque niveau belge que ce soit, doivent devenir
responsables de leurs actes, non seulement politiquement devant
l’électeur
mais aussi financièrement. Cela éviterait certainement
beaucoup
d’erreurs de gestion qu’actuellement les contribuables paient sans
avoir
de recours réel contre l’incompétence ou la folie des
grandeurs
de certains de leurs élus.
L’on
pourrait concevoir que les élus souscrivent à leurs frais
un nouveau type d’assurance les couvrant en cas d’erreur de gestion.
L’on
pourrait concevoir également que les bourgmestres,
échevins
et ministres déposent, au début de leur mandat, une
caution
pareille à celle que versent actuellement les receveurs et
secrétaires
communaux. Pour éviter que cela limite l’accès à
la
fonction à des personnes aux revenus confortables, ces cautions
pourraient être prélevées, en tout ou en partie,
sur
la dotation des partis auxquels appartiennent les échevins,
bourgmestres
et ministres. L’avantage de cette procédure est de rendre les
individus
responsables de leurs actes et les partis responsables de ceux qu’ils
propulsent
aux postes de décisions.
4°
Tenir compte des votes blancs.
Dans
les pays où le vote n’est pas obligatoire, le taux de non
participation
est un indicateur évident ou du désintérêt
ou
de la méfiance ou du dégoût par rapport à la
gestion des affaires de l’état.
Dans
un pays comme le nôtre, où le vote est obligatoire, ces
sentiments
s’expriment par le vote blanc. Or, actuellement, on ne tient pas compte
de l’avis exprimé de fait par cette partie importante des
électeurs.
Il me paraît donc que les assemblées devraient
refléter
cette réalité.
Prenons
l’exemple de la chambre qui compte normalement 150
députés.
Imaginons qu’une élection fasse apparaître 20% de votes
blancs,
correspondant à 30 sièges, les partis se
répartiraient
120 sièges en fonction de leurs résultats et non plus 150.
Les
votes à majorité simple se feraient par rapport à
ces 120 sièges c'est-à-dire 60 mais les votes à
majorité
spéciale exigeraient 2/3 des 150 sièges
c'est-à-dire
100.
Cela
aurait pour avantage de faire en sorte que les partis et les
politiciens
fassent de la politique qui intéresse les gens qu’ils disent
représenter
; de cet intérêt populaire découlerait un
pourcentage
de votes non blancs et aurait pour conséquence une
représentation
accrue. Actuellement trop de personnes sont
dégoûtée
de la politique et votent blanc ou nul car elles estiment que leurs
représentants
ne les représentent plus, ne s’intéressent pas à
leurs
problèmes que certains d’entre eux sont plus soucieux de leurs
intérêts
personnels ou de la stratégie électorale de leur parti.
L’exemple
vécu depuis presque un an et ce que nous allons vivre dans la
perspective
des élections régionales de 2009 ne peut que leur donner
raison.
Trop
simple ?
Je
le devine, ces pistes de réflexion, seront jugées
utopiques
et auront peu de chances d’êtres appliquées. Pourquoi ?
Parce
qu’elles dérangent les habitudes, les situations acquises, les
privilèges
octroyés aux élus ou que ces derniers s’octroient. Or,
elles
sont simples, logiques et claires pour les citoyens ordinaires. Les
adopter
serait un retour à une démocratie plus saine,
débarrassée
de la gangrène qui la mine aujourd’hui. Mais les élus
actuels
le souhaitent-ils vraiment ?
Pourtant,
ce serait merveilleux si un élu, je dis bien un seul élu
(et pourquoi pas un élu de notre région ?), prenait cette
indispensable purification de la démocratie comme cheval de
bataille
et s’employait à propager l’idée de sa
nécessité
au sein de la classe politique. Je rêve, certes ! Mais l’homme ou
la femme qui aurait ce courage mériterait respect,
considération,
reconnaissance et rendrait un fameux service à la nation Cela
inciterait
également certainement les électeurs à retrouver
confiance
en leurs représentants et au fonctionnement démocratique
de nos institutions. Mais, là encore,
bénéficiaires
du système actuel, les élus actuels le souhaitent-ils
vraiment
? Il m’arrive d’en douter… et pourtant je n’attends qu’une chose, me
voir
contredit par le courage d’un d’entre eux !
Bruno
Heureux.
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