Au pied du
Mont
Ventoux,
A la
rencontre d'André Coppens
«Il
y a vingt-cinq ans que j’habite à Racour et,
pourtant, je n'ai jamais
exposé à Hannut ! Par contre, depuis 5 ans,
certaines de
mes œuvres sont présentes, en permanence, dans des
galeries à
Montréal et à Québec !» Ce
constat, énoncé
sans l'once d'un regret ou l'ombre d'une quelconque
prétention, André
Coppens le précise après quelques secondes de
réflexion: « Ce temps m'a permis de mûrir ; ma
peinture en a
profité
pour s'épurer et ne conserver que l'essentiel, le contour
noir qui
met en valeur toutes les nuances de la rose chromatique et la chaude
lumière
provençale. Si bien qu'aujourd'hui, c'est un peintre
épanoui
que les Hannutois vont rencontrer. » En quelques mots,
l'artiste
vient de définir, dans le temps et dans l'espace, le
cheminement
qu'il a entrepris il y a plus de cinquante ans
déjà.
Racour
« Je suis né dans la
peinture ! » dit, avec
humour,
Coppens dont
le père exerçait la profession de peintre en
bâtiment
et de décorateur. Avec lui, le jeune André
apprend les rudiments
de l'art, de la couleur, des mélanges et des nuances. Une
formation
qu'il poursuit à l'Ecole de Peinture des Arts et
Métiers
à Bruxelles, avant de se lancer dans la création
artistique
tout en travaillant dans la petite entreprise familiale. Puis, quittant
la capitale, il s'installe à Racour, à quelques
kilomètres
de Grand-Hallet dont étaient originaires ses
arrière-grands-parents
: une sorte de retour aux sources. C'est là
qu'André Coppens
laisse libre cours à une imagination
généreuse, nourrie
des souvenirs ensoleillés de vacances passées
quelque part
au pied du Mont Ventoux, et peint ses tableaux si
caractéristiques
et au thème unique de la (Haute) Provence.
La
Provence
André
adore ce pays et en connaît bien les habitants. Lorsqu'il
«
descend » là-bas, il vit avec eux la
période des vendanges,
au cœur de petits vignobles dont chaque paysan tire un vin
unique, son
vin, au goût inimitable, à la fois rugueux, comme
la terre
ocre où poussent les ceps torturés, et chaleureux
comme le
soleil qui mûrit les grappes de raisin. Avec eux, aussi, il
moissonne
les champs et ramasse le foin, avant de partager sous les oliviers,
à
la vesprée, la baguette, la tome de chèvre et la
gaguette,
un pâté de grive, tout en savourant un
Côte du Ventoux
gouleyant qui cache son nom dans une bouteille anonyme que le
maître
des lieux va chercher, comme un trésor, au frais de sa cave
au sol
de terre battue. C'est encore dans ce coin du Midi, qu'il
découvre
le bleu typique des portes, des volets, des charrettes, de la lavande
et
du ciel, qu'il apprend à capter la lumière avec
le jaune
de Naples, une lumière qui doit une grande partie de son
éclat
au curnier, une pierre locale, très calcaire, aux reflets
éblouissants...
Ces moments simples mais si riches de la vie, on les sent bien
présents
dans toutes les toiles d'André Coppens, avec une telle
vérité
que si l'on prête bien l'oreille, l'on croit entendre les
cigales
et le bêlement des moutons au cœur de la garrigue...
Le
Canada
Son
coup de foudre pour la Provence, André Coppens l'a
exporté,
depuis un lustre, en Amérique du Nord, chez nos cousins
canadiens.
Il se souvient avec émotion : « C'était
un coup de
poker que cette aventure québécoise. Et pourtant,
cela a
marché au-delà toutes mes espérances.
D'abord, grâce
à Madame Françoise Boutin, la première
à m'accueillir,
dans son hôtel Harris à Saint-Jean-sur-Richelieu :
mes tableaux
à peine déballés, elle m'en
achète trois et
fait en sorte que je rencontre peintres et animateurs de galeries.
Ensuite,
grâce au merveilleux esprit d'ouverture des artistes
régionaux
qui, loin de jalouser le collègue venu de
l'étranger, font
tout pour lui faciliter la tâche et le faire
connaître du public
local ... Si bien que, chaque année, je refais avec un
immense plaisir
le voyage du Québec où je suis accueilli avec
enthousiasme
et respect, au même titre que les plus grands noms de la
peinture
contemporaine... »
Aujourd'hui,
André Coppens pose ses bagages et ses toiles à
Hannut, le
temps de rencontrer ses voisins que nous sommes, en évoquant
ses
escales provençales et québécoises ;
le temps aussi,
de faire naître en nous des rêves de voyages,
transatlantiques
ou, plus simplement, artistiques.
Bruno
Heureux
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